Expédition Intergums au Népal – Le MERA PEAK 6461 m – 18/10-11/11 2023
Compte rendu par Philippe – GUMS d’ Aix en Provence
Expédition au Népal, le Mera Peak (6 461 m) en Inter Gums (ou presque). 18 octobre au 11 novembre 2023.
Nous voici réunis, 8 grimpeurs-alpinistes. 5 sont des gumistes, de Paris, d’Annecy, ou d’Aix en Provence. L’expédition débute au départ de Katmandou sous l’égide de François Matet, guide savoyard de Chamonix. Sa connivence avec Astrid contribuera au succès de l’aventure.
Suit l’équipe népalaise de Dipak (de bière aurait-il ajouté d’un air malicieux), et les porteurs dont la gentillesse facilitera grandement les choses.
Y participent :
GUMS Aix :
Philippe, rédacteur de ces lignes
Pierre, qui au terme d’un entraînement assidu réalise son premier 6000.
Patricia, la petite dernière, provençale pur jus, « caganis*» du groupe, rattachée au GUMS Aix.
[*Pour les profanes, une caganis est la cadette de la famille.]
GUMS Annecy : Astrid, dont le feu montagnard brûle encore et toujours.
GUMS Paris : Jean, un habitué des hauteurs, volontaire. Mais ne faut-il pas l’être quand on vit loin des cimes à Paris ?
Laurence, une Amazone franco-suisse caracolant de concert avec Rujan notre guide népalais stagiaire. Cela n’est guère étonnant, les Suisses auront toujours une longueur d’avance.
Dominique, marcheuse aguerrie, amatrice de grandes voies.
François Matet par sa constance prend les choses en main dès l’été. Grâce à lui, les cordées se soudent dans des courses du versant Breuil Cervinia. Le Breithorn fut une tentative avortée avec un retour imprévu à 4000 m sous des rafales à plus de 100 km/h. Mais quelques jours plus tard la moitié de l’équipe récidiva avec succès sur les pointes autour du Mont Rose.
Quand nous foulons le sol népalais à Katmandou puis à Lukla, l’accueil n’est jamais décevant. Au Prince Hôtel de Katmandou, on prépare les sacs à dos avec minutie et puis c’est parti. Lukla atteint, nous allons parvenir en dix jours à 6461 mètres. Altitude oblige, le pas mesuré du guide devient notre plat du jour. La cuisine népalaise sera elle aussi l’autre atout, à nous le dalbhat et les momos.
De Lukla, nous dominons l’aéroport et les champs quadrillés de riz et millet. Suit l’étage forestier où les torrents dégagent des bouffées de fraîcheur. L’étage montagnard, zone stérile piquetée de rhododendrons et de bambous, se dévoile aux abords des temples émaillant les chemins. L’eau n’est pas en reste. Elle roule les galets et creuse le fond d’anciens glaciers.
Sur les hauteurs, les cimes étincellent, leurs flancs sont colossaux. Les lacs sont des taches claires. Celui de Sabai Tscho est une étendue lisse aux couleurs de gemme.
Les étapes sont à la fois longues et courtes comme nos nuits. Les lodges, à l’image de crustacés collés à la roche, ont tous une vaste salle commune. Y trône un poêle ronflant, infusant une obsédante torpeur comme une tisane qui délasse.
Quel contraste avec nos chambres glaciales !
Dans cette aventure, en guise d’acclimatation, François et l’équipe népalaise nous conduisent sur le Tangna Ri, un dôme culminant à 5200 mètres. L’œil porte sur la mousse chantilly du Mera Peak.
C’est le défi à relever. On s’y emploie avec une opiniâtre volonté. Deux jours plus tard, nous formons deux cordées distinctes pour progresser sur le glacier, les crampons en action. L’apothéose finale, c’est le mardi 30 octobre car la victoire est acquise. Au sommet, j’enlace le guide et je jette un baiser sur le front rêveur de Patricia. Devant nous se dressent les marbres éclatants des géants de légende. L’Everest a pour vassaux le Cho Oyu, le Ghya Chung Kang, l’Ama Dablam, le Pumori, le Nuptse, le Lhotse, le Makalu, le Chanchenjunga. Il nous sera sans doute difficile de les revoir.
Clin d’œil une fois de plus à François, Astrid, Dipak et son équipe. Sans eux, pas d’aventure donc pas de succès.
Pour certains, le retour a un goût de finitude mais le groupe reste soudé sous l’oriflamme du GUMS, drapeau déroulé sur les cols.
L’expédition s’achève à Lukla, comme dans une BD d’Astérix, aux sons des fifres et des tambours. La boucle est bouclée.
Reste l’allégresse d’une soirée avec dégustation d’une forêt noire spécialement confectionnée à l’occasion. L’alcool aura soufflé son haleine brûlante comme une braise et la remise des diplômes sera pour plus tard.
A Katmandou, affleure la tristesse d’une fin de trek mais les temples et les ruelles prennent le relais dans la magie de l’instant.
Qu’est-ce que le bonheur ?
Que faire après un tel périple ? S’asseoir, réfléchir, évacuer les délires et les peurs enrayant bien des choses ? Et si elles n’étaient que Préjugés qui Empêchent d’Utiliser la Raison ?
Quand la beauté est une espérance pour de futurs projets, tout devient facile. Et si le souffle de l’esprit GUMS nous pousse…
Tels des Rimbaud nomades, nous irons saluer un monde vibrant comme une immense lyre « loin de l’oxyde des gargouilles, empêtrées de sable »
car la nostalgie, caresse plus que morsure, n’est jamais une fin en soi.
Philippe, décembre 2023.
Catégorie: Activités Intergums
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