Le raid Amazones ou « Le blé ou le mouton ? »

Publié le 16 avril 2023 par Claire

Dimanche : L’heure de départ est fixée à 6h00, nous partons en direction du lac de Côme, puis du parking du Forni. Nous découvrons le code de la route italien : priorité aux italiens même si ce sont les français qui montent. Une première question stratégique se pose au regard de la météo à venir : le camion pourra-t-il sortir du parking dimanche malgré la neige ?
Montée tranquille en skis sous les « Tcha-tcha-tchao » chaleureux des italiens en promenade Pascale.
Nous découvrons le premier refuge, le refuge Branca et le premier repas Italien : antipasti, primi plati, secondi plati, dolce… (ne surtout pas reprendre de rab de pâtes) et les pépites des cartes topographiques italiennes.
En Gumistes avertis, nous préparons notre course du lendemain malgré la précision tumultueuse et délétère des cartes italiennes. Nous observons que le San Matteo est un peu sec et glacé : ça ne sera plus notre objectif du lendemain, nous nous rabattons sur le Pizzo Tresero.

Lundi : Réveillé à 7h20 par un lit qui grince, nous partons pour une belle journée de ski qui commence par une descente en chasse-neige sur une neige bien dure. Le gué ultra technique traversé, nous montons un peu trop vite, fougueux et enthousiastes, nous en paierons le prix dès 3400m. En bons stratèges, le souffle coupé et les jambes en coton, nous préférons redescendre pour préserver la suite de la semaine.

Le retour au refuge permettra aussi la première rencontre avec notre Bruno version espagnole.
La fin de la journée sera technique avec exercice de mouflage de table : x3, x5 (aucune table n’a été maltraitée durant cet exercice).

Mardi : C’est la traversée vers le refuge Pizzini par le col du Pasquale. Max nous entraîne dans un vallon propice à la résolution d’énigmes. Le plafond annoncé à 3500m passe à 3400m , et au col on ne voit plus rien. La descente débute en crampons et se poursuit sur un glacier peu recouvert et sans trop de visibilité : ambiance, ambiance… Merci à Alex pour ce guidage sans faille.
Le soir nous faisons notre rencontre de la semaine : Claudio et son frère Mauro, la famille locale qui tient le refuge depuis 3 générations.

NB : Bruno est avec ses copains espagnols en slips dans le couloir.

Mercredi : Nous partons pour le sommet mythique du coin : le Gran Zebru. Hélène B. nous mène à travers un épais brouillard telle « La Liberté guidant le peuple », simplement vêtue de sa gore-tex phrygienne, jusqu’à la tangente à la courbe.
Alex prend le relai pour faire les marches dans une neige patibulaire jusqu’au pied de la face sommitale tant attendue ! Selon l’avis général et la météo, on descend, en crampons ou en skis dans une neige d’une qualité toute relative.
Assoiffés de connaissance nous prenons la tangente à la courbe avec Claire. La désorientation sensorielle et spatiale spécifique d’un jour blanc entraîne la chute de notre masseur officiel.
Arrivés aux refuge, bien à l’abri derrière une vitre, nous observons la technique révolutionnaire du corps-mort canado-helvétique : un ski allongé/debout/allongé.
Prétextant le mauvais temps nous décidons de tenir compagnie une nuit de plus à Claudio et Mauro, ce qui nous permettra d’en apprendre un peu plus sur l’histoire du refuge. Nous abandonnons donc l’idée d’aller à la Marteller Hütte.

Jeudi : Plein d’optimisme nous partons pour le Monte Cevedale, mais la fenêtre météo se referme dès la terrasse du refuge. La démocratie étant ce qu’elle est, on part pour un petit exercice de guidage par azimuts et erreur volontaire jusqu’au Monte Charge, notre sommet. Les éléments se déchaînent : Alex sort sa Gore-Tex et Hélène sa cagoule. Le visage griffé par le vent et giflé par la bise, contraints au silence par la météo, la conversion précaire, nous poursuivons hardiment notre montée vers le refuge Casati. Mais nous trouvons la frontière entre persévérance et obstination : nous choisissons le retour à la salle des chausssseeeettttes, azimut 45°. Ayant autant de visibilité à la descente qu’à la montée nous cheminons cahin-caha dans la purée de pois. La silhouette du refuge se dessine soudainement sous nos yeux, grâce, encore une fois, à la grande maitrise d’Alex. La douce odeur des chaussettes nous réconforte.

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Tube du grenier à écouter absolument pendant cette séquence afin de la ressentir pleinement.

https://www.youtube.com/watch?v=qOJ7aSF_AVY

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Heureusement Claudio est là avec soupes, pastas, parmesan, charcuteries italiennes : rien ne nous arrête à 11h45. Il regarde avec interrogation et pitié les graines de poules d’Hélène B., ce qui nous vaudra un supplément de frites à la sauce huile le soir.
Nous découvrons d’ailleurs une nouvelle subtilité des cartes italiennes : l’ajout intempestif de courbes de niveau. Du coup le passo di Zebru Nord devient envisageable par risque 12.

Vendredi : On temporise, on réfléchit, on résout des énigmes. Après une énième explication cartographique et poussés par l’angoisse de l’inaction, nous partons pour le passo di Zebru Nord. Notre déambulation est orchestrée par Ophélia. L’objectif est atteint : Bravo !
La faim nous tenaillant le ventre, nous redescendons. Et là c’est festival de chutes : Hélène B: 1, Hélène C : 1, Claire : 1 et notre leader Clémence : 1.
Après une petite pause au refuge, le cœur et l’estomac lourd on dit Ciao plusieurs fois à Claudio et Cie pour redescendre au parking.
Au parking la voiture est là sous 10cm de neige, le Tupperware aussi. Sortis du parking nous partons confiants pour Santa Caterina portés par Richard Cocciante.
Ça ne passe pas : glissade, pelletage de la route, plusieurs essais seront nécessaires pour quitter Forni.

Enfin, le cœur léger et avec la fine fleur des chanteurs italiens dans les oreilles, nous filons vers le lac de Côme. La soirée se finit autours de Spritzs, pizzas et foccacias bien mérités.

 

Tutto bene, grazie a Claire et Alex, e a tutti.

PS : L’énigme «Le blé ou le mouton ?», vous l’avez ?

 

Catégorie: Ski de randonnée

3 commentaires

  1. Merci pour ce superbe CR mélant poésie et humour!
    On peux le dire : vous en avez un peu *****!
    Mais je crois que c’est ce qui fait les meilleurs raids non??

  2. Ah la fameuse « frontière entre persévérance et obstination » 😀

  3. Le Gums en Ortles, la dernière fois c’ était en 2006,s’ il y avait eu des précédents ils se sont perdus dans les brumes du temps… un peu plus de neige et une météo plus favorable, des souvenirs encore frais et pourtant… 17 ans déjà !

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